Regards croisés sur le métier d’infirmière / infirmier de l’Éducation nationale
En cinq questions, Hélène et Cécilia nous font découvrir leur métier : infirmière de l’Éducation nationale.
1/ En quelques mots, pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
Hélène : On pourrait dire que je suis devenue infirmière sur un « coup de tête » ! J’ai fait des études littéraires, tout en étant secouriste bénévole au sein de la protection civile et, un jour, j’ai décidé de passer le concours d’infirmière. En réalité, j’ai toujours voulu un métier qui avait du sens et qui me permettait de « prendre soin » des autres. J’ai d’abord exercé en milieu hospitalier puis dans un EPHAD du Rhône. Un vrai coup de cœur ! Au gré de déménagements pour raisons familiales, après un détour par l’exercice libéral, je suis retournée dans cet EPHAD où j’ai pris de nouvelles responsabilités. Puis, nouveau déménagement en région parisienne ! Retour à l’hôpital en qualité de cadre. Mais, un jour, j’ai trouvé un poste d’infirmière scolaire. Par voie de détachement, j’ai obtenu une mutation dans les Hauts-de-Seine où je suis désormais affectée à la fois dans un lycée général et technologique et dans un lycée professionnel. Point important : nous bénéficions, dans l’académie de Versailles, d’une formation de grande qualité qui traite de nombreux sujets (techniques d’entretien, troubles de l’apprentissage, pratiques au quotidien, etc.) et qui facilite notre prise de poste.
Cécilia : Je suis infirmière depuis 1997 pourtant rien ne m’y prédestinait puisque qu’après le baccalauréat, j’ai intégré une école d’ingénieures/ingénieurs. Mais le « côté humain » me manquait ! Alors, j’ai pris une année pour réfléchir à mon avenir : j’ai fait quelques « petits boulots » et du bénévolat auprès d’étudiants et d’enfants hospitalisés. J’observais les infirmiers et infirmières… Et c’est là où j’ai trouvé ma voie ! Le concours en poche, j’ai d’abord exercé en milieu hospitalier. Puis, pour des raisons familiales, je me suis expatriée à Moscou où j’ai été recrutée en tant qu’infirmière scolaire au lycée français. J’étais seule, sans médecin scolaire auprès de moi. Tout était à construire ; j’ai tout appris sur le terrain et j’ai adoré cette expérience ! De retour en France, j’ai rejoint l’académie de Versailles dans les Hauts-de-Seine avec bonheur. J’exerce actuellement dans un collège et des écoles. Si je devais conseiller une personne qui hésite à se lancer, je lui dirais : allez à la rencontre d’une infirmière scolaire ! Si vous hésitez encore, testez le métier en signant un contrat d’un an avant de passer le concours.
2/ Parmi toutes les dimensions de votre métier, sur laquelle souhaiteriez-vous insister ?
Hélène : Il faut aller au-delà du cliché de l’infirmière qui donne un morceau de sucre ! Bien sûr, nous prenons en charge les maux du quotidien et effectuons les gestes de premiers secours. Mais nous agissons aussi sur le volet « protection de l’enfance » et assurons des missions de prévention et d’accompagnement. Nous éduquons aussi à la santé. Au lycée, il faut avoir accompagner les jeunes dans le début de leur vie d’adulte. Enfin, il me semble important de comprendre leur monde. Par exemple, je me suis forcée à découvrir les réseaux sociaux ! Dans le cadre de ces missions, nous mobilisons non seulement des compétences techniques mais aussi des savoir-être : écoute, empathie, bon sens et… un peu de fermeté !
Cécilia : Je suis une infirmière « couteau suisse » qui manie l’humour pour mieux communiquer avec les élèves ! Bien sûr, j’agis dans le respect des textes et missions réglementaires mais on peut aussi presque « créer » son poste. Par exemple, je peux m’engager dans des projets qui ne relèvent pas du soin pur. Je m’implique particulièrement dans la question du climat scolaire, notamment dans le cadre du groupe PHARE qui lutte contre le harcèlement scolaire. Le bien-être des élèves est au cœur de notre action : cela contribue à la poursuite de la scolarité. Pour cela, il me semble indispensable de travailler en transversalité. Je passe mon temps à aller d’un bureau à un autre ! Pour bien s’occuper d’un élève, il faut croiser les regards. Ils ont besoin d’une équipe.
3/ Vous menez de nombreuses actions éducatives au sein de vos établissements. Pouvez-vous nous donner des exemples ?
Hélène : Ma salle multisensorielle ! Ce n’est pas une salle de détente mais un espace où un élève qui fait une attaque de panique ou une crise d’angoisse peut venir se calmer. Ses sens sont stimulés de façon douce (musique, lumière, coussin…). Cette salle obtient de bons résultats. Non seulement elle permet à l’élève de revenir à un état permettant le retour en classe mais elle contribue aussi à la réduction de prises d’anxiolytiques pour les élèves à qui cela a été prescrit. Au sein de mon lycée professionnel, j’ai également mis en place un forum santé en partenariat avec la ville. Je travaille bien entendu sur d’autres thèmes, parmi lesquels les gestes qui sauvent, le sommeil, l’alimentation, la vision du corps, les écrans, le don d’organe, le harcèlement…
Cécilia : J’ai implanté l’année dernière avec une collègue médiatrice un « coin des ados ». Pendant une heure, lors de la pause déjeuner, des élèves se réunissent sur inscription pour venir parler d’une thématique qu’ils ont eux-mêmes préalablement choisie dans une salle confortable, avec des coussins au sol. Ce peut être l’égalité filles/garçons, la confiance en soi, les écrans, le stress… C’est aussi l’occasion pour des élèves de différentes classes de se rencontrer. Quant aux thématiques des interventions, elles sont nombreuses et adaptées à l’âge des élèves : cela va de l’hygiène bucco-dentaire au cyberharcèlement en passant par l’éducation à la vie affective et sexuelle. Je ne peux toutes les citer !
4/ Quelles satisfactions retirez-vous de ce métier ?
Hélène : Être infirmière de l’Éducation nationale m’a permis de donner une nouvelle dimension à ma carrière. Dans une école, un collège ou un lycée, notre temps est dédié aux élèves ; nous n’avons pas la même pression qu’à l’hôpital par exemple. Pour certains infirmiers ou certaines infirmières en milieu hospitalier, un poste en milieu scolaire peut être une sorte de sas de décompression. De plus, c’est un métier qui nécessite d’agir en partenariat et en équipe. Je suis à l’écoute de l’ensemble de l’équipe éducative et pédagogique. Je ne conçois pas de travailler autrement !
Cécilia : Tout d’abord, au sein des écoles et établissements, je suis reconnue pour mes compétences par les équipes avec lesquelles je travaille, ainsi que par les élèves et leurs parents. La relation avec mes collègues et le sentiment de faire partie d’une équipe, tout en ayant de l’autonomie sont aussi très importants pour moi. Par ailleurs, on ne s’ennuie jamais : il n’y a pas deux jours qui se ressemblent ! On apprend et se réinvente tous les jours. Enfin, j’adore le lien de confiance qui se tisse avec les élèves.
5/ Votre métier, en trois mots ?
Hélène : Pragmatisme, prévention, communication (verbale et non verbale).
Cécilia : Partage, utilité, équipe.
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Mise à jour : juillet 2024